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27/05/2020

Antoine Deck

6 min.

Un modèle de croissance en pleine mutation

Le COVID-19 a exacerbé les vices de la mondialisation et de notre modèle économique. Un grain de sable qui s’infiltre dans les rouages et la machine s’enraye.

Devons-nous continuer sur cette voie léthargique ou utiliser cette crise pour repartir et repenser notre modèle ?

Le COVID-19 a mis en exergue l’impact des activités de l’homme sur l’environnement. La NASA a comparé des images satellites de la Terre en janvier 2020 avec des images de mars 2020 et le constat est prégnant : les nuages de dioxyde d’azote et de monoxyde de carbone ont disparu en Chine ou en Italie du Nord par exemple.

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NASA 02/2020

D’après l’OMS « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». L’environnement est la clé d’une meilleure santé et l’histoire récente nous en donne la preuve. On ne peut pas vivre isolément comme si l’espèce humaine était totalement préservée de tout ce qui se passe autour d’elle. A titre d’exemple, en 2003 le virus SRAS-cov fut transmis par la civette. En 2015, le MERS-cov a sévi au Moyen Orient par l’intermédiaire des chameaux. De fait, 60% des maladies infectieuses et parasitaires depuis 2000 nous viennent des animaux. L’homme n’y est pas pour rien, puisqu’il détruit leur milieu naturel favorisant ainsi le contact entre humains et animaux.

« Mieux vaut prévenir que guérir ». Notre économie avant cette crise sanitaire était linéaire, génératrice de carbone et puisait dans nos ressources naturelles. Quelle autre voie est-elle envisageable? Celle de la croissance qualitative et hautement compétitive basée sur une économie circulaire durable et responsable des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. De fait, il est devenu plus rentable de protéger l’environnement plutôt que de le détruire, surtout lorsque nous prenons en compte le coût des externalités négatives.

Le déconfinement et l’après Covid-19 se dessinent. Nous devons ainsi nous demander quel monde de demain nous voulons. Quelles solutions concrètes sont envisageables pour transiter vers un système de développement plus sain ?  Nous devons dans un premier temps nous appuyer sur l’innovation et collaborer puisque c’est un destin commun que nous partageons. 

L’économie circulaire durable et locale se présente comme une alternative nécessaire à notre modèle linéaire. Elle propose de produire autrement, en intégrant une exigence écologique à tous les niveaux, de la conception, en passant par la production, jusqu’au recyclage. En réduisant et optimisant leur consommation de matière premières, l’économie circulaire permet aux entreprises de faire des économies et des gains de productivité. Selon une étude du cabinet de conseil McKinsey en 2012 elle permettrait de réaliser une économie nette minimale de 380 milliards de dollars par an de matières premières en Europe.

Des solutions en phase avec une logique économique circulaire voient le jour. EcoBirdy propose par exemple un nouveau modèle commercial basé sur la circularité. Son processus de production unique, appelé ecothylene®, transforme les déchets plastiques post-consommation en matière première de haute qualité qui remplace le plastique vierge.

Ce type de projets repensant notre façon de consommer et in fine notre modèle de croissance ont besoin d’investissements, d'un d’un coup de projecteur. Dans cette optique, des initiatives comme la Solar Impulse Foundation, qui soutient des projets innovants, émergent. Créé par Bertrand Piccard, sa vision est d’appréhender l’écologie sous l’angle de la profitabilité. « La protection de l'environnement ne deviendra une réalité que si elle est perçue comme économiquement viable et ne nécessitant aucun sacrifice financier ou comportemental.

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Aujourd'hui, il existe des solutions efficaces qui peuvent stimuler la croissance économique tout en réduisant notre impact sur la planète. » Bertrand Piccard.

Ces startups ambitieuses ont également leur place dans les relations franco-russes. La French Tech à Moscou en est un très bon exemple. Ce pont entre la France et Moscou permet un échange de savoir essentiel et porteur de changement.

En fait, cette transition montre la nécessité que la croissance soit tournée vers l’humain, ce qui inclut bien évidemment son environnement. Un changement profond de l’organisation de notre économie est déjà en place et s’accroit de jour en jour. C’est la technologie de la blockchain. Bien plus qu’un effet de mode, c’est « ce que l’informatique et Internet était dans les années 1980 ». En quelques mots, imaginez un « très grand cahier que tous peuvent lire gratuitement et librement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible » Jean-Paul Delahaye. C’est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurise et décentralisée.

Le champ d’applications de la blockchain est infini et s’applique à toutes les industries caractérisées par: une gestion de données (notamment confidentielles), des transferts financiers réguliers, une chaîne logistique et une traçabilité. En somme, toutes les industries sont concernées. C’est une technologie disruptive et elle nous permet de reprendre la main sur notre consommation et d’avancer vers une croissance qualitative.

Cette technologie rapproche les utilisateurs entre eux mais renoue également des liens entre les consommateurs et les entreprises. Grâce à la traçabilité permise par la blockchain, nous pouvons savoir d’où vient tel ou tel produit et le suivre nous permettant de faire des choix éclairés dans notre consommation. Ainsi, nous achèterons moins facilement des saucissons lorsque nous saurons que les boyaux font un aller-retour en Chine avant d’être remplis en France. Les circuits courts et la production locale vont être de facto favorisés. Un nouveau lien avec les agriculteurs est possible. C’est une économie de la transparence qui se dessine dans beaucoup de domaines passant de la logistique à la pharmaceutique ou encore par l’agroalimentaire.

Le secteur des services va être également fortement transformé. En effet, l’avancée de la blockchain c’est avant tout de la décentralisation. C’est un moyen d’échanger de la valeur, de la confiance, des informations sans passer par un organisme incontournable (banques, notaires, avocats, assurances etc..) à l’image de Uber dont le business model est basé sur la décentralisation et le P2P. Plus besoin de passer par une agence de taxi, c’est le particulier qui contacte directement le chauffeur.

De nombreuses organisations ont déjà sauté le pas. Par exemple Axa Assurance, basé sur la blockchain de l’Etherum et de ses Smart Contracts, propose une indemnisation en cas de retard de vol automatisé « Lors de la souscription, [les] éléments essentiels […] sont traduits […] sous la forme d’un code informatique pour former un ‘smartcontract’, c’est-à-dire un programme qui va solliciter de manière autonome les informations nécessaires à son exécution […] ». Plus de papiers à remplir, l’assurance gagne du temps et l’utilisateur également.

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Sébastien Mugnier, 11/2018, nowebagency.com

In fine, la blockchain est créatrice de possibilités. La start-up française Kriptown permet un financement P2P de projets liés à la blockchain. Il est possible en 2 clics d’investir une dizaine d’euros dans une start-up par exemple AlphaOmegaGreen qui a comme objectif la réalisation de projets éoliens citoyens, en accord avec la population concernée.

Changeons notre modèle de croissance, de consommation et de pensée. Soyons ouverts et à l’écoute des transformations qui nous entourent et qui œuvrent pour un futur meilleur. Place à l’Europe aussi qui peut se positionner comme leader dans le domaine de la blockchain. Les deux géants américain et chinois ont déjà placé leurs pions mais leur environnement empêche un plein développement. L’envie de contrôle par le parti chinois va à l’encontre du modèle de la blockchain. Quant aux Etats-Unis, les GAFAM sont frileux à l’idée de développer une technologie qui va à l’encontre de leur modèle de centralisation et de gestion des données. L’Europe qui a loupé le virage d’Internet devrait être pionnier de ce monde plus libre, démocratique et innovant en accompagnant la blockchain tant sur le plan législatif que financier.

« Le meilleur moyen de prévoir l’avenir c’est de le créer » Peter Drucker

#4. Choc pétrolier, énergies renouvelables.

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Antoine Deck

Manager JBC-Lyon

Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que la responsabilité de l’auteur.

#5. Un modèle de croissance en pleine mutation.

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#6. Covid-19, une pandémie de "fake news" 

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