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13/05/2020

Lidia Rozhnovskaia

3 min.

Quel avenir pour les musées ?

La culture et l’art existent toujours et continuent à jouer un rôle important dans la société malgré la pandémie. Comment les musées survivent-ils cette période et quel avenir les attend après la pandémie ?

Alors qu’auparavant l'utilisation du format numérique n’était qu’un outil supplémentaire pour attirer un public, dans les circonstances qui prévalent actuellement, ce format s'est avéré être la seule option. Il faut dire que de nombreux musées ont réussi cette transition vers l'espace numérique.

Le musée d'art contemporain Garage a créé un site dédié au confinement, qui a rassemblé des visites en ligne, de la musique et d'autres types de contenu, et développe également sa page TikTok. Le Musée des Beaux-Arts Pouchkine a ouvert des expositions virtuelles et a également lancé le programme "En tête-à-tête avec le Musée Pouchkine", qui comprend de nombreux projets en ligne, des conférences vidéo, un nouveau projet "Demandez au conservateur", ainsi que le projet "100 façons de vivre une minute", dans lequel des personnes travaillant dans l'art partagent leurs expériences sur la notion de temps. En France, le Musée du Louvre a mis en place des visites virtuelles des expositions consacrées à l'Égypte antique, tandis que le Grand Palais propose de découvrir la culture libyenne à l'aide des technologies de réalité augmentée.

Il convient de noter que le contenu interactif demeure bien plus attrayant que le contenu dit statique. Les sites eux-mêmes ne sont pas très intéressants pour les visiteurs. En revanche, la portée des pages des musées sur les réseaux sociaux a augmenté de manière significative, notamment grâce à de nouveaux hashtags, comme celui du Ministère français de la culture #CultureChezNous, qui permet aux visiteurs de s'informer sur les nouvelles initiatives et les nouveaux projets des organisations culturelles.

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Visite virtuelle de l'exposition au Musée Pouchkine

Personne ne peut nier que les projets en ligne ne pourront remplacer une véritable visite de musée, mais de telles initiatives en ligne contribueront à sensibiliser le public, même après la fin de la pandémie.

Une autre conséquence importante de la pandémie et du confinement a été la valeur croissante de la communication humaine et des contacts en direct. Par conséquent, certains musées préfèrent se concentrer non pas sur la numérisation de leurs activités, mais plutôt sur la révision de leurs programmes afin de les rendre plus pertinents, inclusifs et humains. Après tout, la mission des musées ne se limite pas à l’éducation, à la transmission de l’histoire ou au divertissement, mais comprend également l'art-thérapie (c’est pour cela que les thérapeutes québécois sont autorisés à prescrire une visite muséale à un patient) ! Ainsi, le Musée de Moscou, en collaboration avec le Musée Polytechnique, a développé un guide audio pour les malvoyants, ainsi que des visites vidéo en russe et en langue des signes russe sur l'exposition "Histoires qui n'ont jamais existé".

Enfin, comme pour la plupart des autres industries, la pandémie a entraîné une forte baisse des bénéfices des musées. Même avant le coronavirus, ces institutions n'étaient pas en mesure de couvrir toutes les dépenses au détriment du profit tiré de la vente des billets et des articles-cadeaux – en règle générale, ce sont les contributions des bienfaiteurs et des sponsors qui couvrent une partie conséquente du budget d’un musée. Malheureusement, dans la situation de crise actuelle, tant les contributions caritatives que les bénéfices vont diminuer. Selon les estimations, il faudra attendre entre 10 et 12 mois avant de retrouver une normalité dans le fonctionnement des musées. La vente d'œuvres d'art peut être une solution à ce problème, mais elle ne peut être utilisée qu'en dernier recours. Outre la question évidente de l'inopportunité de la vente d'objets du patrimoine culturel, dont la préservation est l'un des objectifs fondamentaux des musées, des implications juridiques se posent également, car les objets sont souvent offerts aux musées plutôt qu'achetés.

C'est précisément pourquoi le soutien de l'État est si important : le 6 mai le président français Emmanuel Macron a dévoilé son plan d'aide à un secteur de la culture fragilisé ; tandis que le gouvernement de la ville de Moscou a prolongé les délais de paiement des avances pour le premier trimestre de l'année pour les organisations culturelles.

En tout état de cause, il est déjà clair qu'après la pandémie, le musée et la sphère culturelle en général subiront des changements importants. Quant à l'art lui-même, le virus se reflétera certainement dans le travail des artistes contemporains, puisqu’il donnera naissance à sa propre mythologie réaliste concernant la mort et la maladie.

Malheureusement, malgré le soutien apporté aux musées, ceux-ci sont toujours en crise, et seront donc contraints d'organiser moins d'expositions et de projets coûteux. Quant aux petites organisations et communautés, celles-là pourraient disparaître complètement.

Toutefois, il existe des perspectives plus optimistes : avec l'introduction de l'auto-isolement, de nombreux bureaux et bâtiments, dont certains sont des biens patrimoniaux culturels, demeurent vides. Étant donné que l'une des conséquences du confinement et du télétravail obligatoire peut être une augmentation de la proportion de travailleurs à distance, ces bâtiments pourraient ne plus être réclamés après la pandémie. Cela signifie que l'on peut s'attendre à long terme à l’apparition de nouveaux musées ou à l'expansion de ceux déjà en place.

Et en dépit de tout, la pandémie a une fois de plus prouvé l'importance de la culture en général et des musées en particulier pour notre société. Ðœalgré les difficultés financières, cette nouvelle réalité a également apporté des changements positifs aux activités habituelles des musées, a ouvert de nouveaux horizons concernant l'utilisation des plateformes numériques et a fait prendre conscience de la nécessité de projets inclusifs.

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#2. Le secteur aérien a du plomb dans l'aile.

Lidia Rozhnovskaia

Directrice Russie du JBC

#3. Quel avenir pour les musées ?

Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que la responsabilité de l’auteur.

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#4. Choc pétrolier, énergies renouvelables

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